Les partenaires de Myriad Canada dénoncent les conséquences dramatiques liées à la suppression des financements de l’USAID

19 June 2025

La décision de mettre un terme aux programmes de financement en faveur du développement international a des conséquences dévastatrices dans le monde entier, et notamment au sein d’organisations partenaires de Myriad Canada. Les répercussions de cette démarche sont considérables, car si l’on en croit les Nations Unies, les États-Unis ont fourni 40 % de toute l’aide humanitaire en 2024.

En février, le gouvernement américain a annoncé qu’il mettrait un terme à la grande majorité des programmes de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID). Sur les 6 200 programmes de l’USAID, 5 200 environ ont été supprimés. Plusieurs milliers de salariés ont été mis en congé et les personnes qui travaillaient à l’étranger ont été rappelées.

L’agence dépense 40 milliards de dollars – soit environ 0,6 % du volume total des dépenses publiques – en faveur de projets d’aide humanitaire, dont une grande partie est consacrée à des programmes de santé. La majeure partie de ces fonds sont destinés à l’Asie, à l’Afrique subsaharienne et à l’Europe, essentiellement pour les efforts humanitaires déployés en Ukraine.

Des populations vulnérables

Outre cette décision, les États-Unis ont décidé de réduire le financement des agences de l’ONU. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés se retrouve ainsi amputé de 40 % de son budget. La situation est d’autant plus fâcheuse que cette agence vient en aide à plusieurs millions de personnes déplacées en situation de grande vulnérabilité. Les déplacements forcés ont atteint des niveaux record : 123 millions de personnes ont été déplacées de force, et leur nombre devrait encore augmenter.

Myriad Canada collabore avec des partenaires dans le monde entier et beaucoup constatent déjà l’impact des coupes budgétaires de l’USAID sur les communautés auxquelles ils viennent en aide.

Parmi eux figure la MSI Reproductive Choices, une ONG qui fournit des services de santé sexuelle et génésique, afin de permettre aux femmes de par le monde de prendre en main leur avenir. Le personnel de cette ONG compte 9 000 membres répartis dans 36 pays.

« Lorsque nous avons reçu l’ordre de suspendre nos activités, nous avons dû dire à nos équipes mobiles situées dans les zones reculées de faire demi-tour », raconte Lalaina Razafinirinasoa, directrice adjointe de la MSI pour l’Afrique. « Nos équipes n’avaient aucun moyen d’avertir les femmes qu’elles aidaient, si bien que beaucoup d’entre elles se sont tout de même présentées, pensant avoir accès à des services de planning familial. »

Des moyens vitaux refusés

L’organisation MSI est l’un des plus grands prestataires de soins de santé sexuelle et génésique au Zimbabwe. Avec la suppression des fonds de l’USAID, elle a perdu 41 % de son financement.

« Nos collègues travaillent sans relâche pour maintenir nos services, mais c’est un énorme coup dur pour toutes celles et ceux qui se soucient de permettre aux femmes du monde entier de planifier leur famille », ajoute Lalaina Razafinirinasoa.

« Sans ces moyens vitaux, les femmes ne pourront plus espacer leurs grossesses en toute sécurité, ce qui les poussera encore plus loin dans le cycle de la pauvreté. Celles qui se trouvent dans les circonstances les plus désespérées n’auront, quant à elles, d’autre choix que de risquer leur vie en recourant à des avortements dangereux. »

Kesho Congo est une ONG congolaise fondée en 2015 dans le but de bâtir des communautés saines et résilientes en République démocratique du Congo (RDC). Cette organisation travaille dans les domaines de la santé et de la nutrition, de l’éducation et de la formation professionnelle, de l’agriculture, de l’élevage de bétail et de la protection de l’environnement. Elle participe par ailleurs à des projets d’aide humanitaire afin de soutenir les personnes déplacées en raison d’une guerre.

Les fonds que lui octroyait l’USAID constituaient 85 % de son financement global. Dans l’ensemble, les financements provenant des États-Unis représentaient 70 % de l’aide au développement en RDC.

D’avril 2023 à janvier 2025, Kesho Congo a reçu près d’un million de dollars de l’USAID afin de mettre en place un projet d’aide à la sécurité alimentaire et à la nutrition dans le Sud-Kivu et dans la province du Kasaï Central. Après s’être informée sur ses activités et avoir vérifié sa gestion financière, l’USAID a sélectionné cette organisation, ainsi que cinq autres ONG congolaises et une ONG américaine, dans le but de mettre en œuvre deux programmes quinquennaux sur la santé et la nutrition maternelles et infantiles.

Des médicaments indispensables

Le fondateur de Kesho Congo, le Dr Adolphe Nyakasane, explique la situation : « Pour nos activités et les personnes à qui nous venons en aide, les conséquences directes sont dramatiques. Dans tout le pays, il commence déjà à manquer de médicaments indispensables dans plusieurs hôpitaux et centres de santé ruraux qui bénéficiaient du soutien de l’USAID. Les secteurs de la santé, de l’agriculture, de l’éducation et du développement économique seront les plus durement touchés dans le contexte actuel où le gouvernement congolais n’est pas en mesure de prendre le relais. »

Près de 230 000 enfants ne bénéficieront plus des suppléments nutritifs qu’ils recevaient lors des consultations préscolaires dans les centres de santé et plus de 5 000 agriculteurs perdront leurs subventions.

« Kesho Congo compte sur ses partenaires traditionnels pour continuer à aider les populations vulnérables de l’est du Congo, d’autant que cette partie du pays traverse actuellement une guerre dont les conséquences humanitaires sont alarmantes et nécessitent une action forte et urgente », ajoute le Dr Nyakasane.

La santé communautaire

Cees Rustenhoven est le directeur financier de Healthy Entrepreneurs, une ONG basée aux Pays-Bas qui permet à des professionnels de la santé de devenir des entrepreneurs de la santé communautaire dans sept pays d’Afrique, en leur fournissant les outils et les produits dont ils ont besoin pour lancer leur propre entreprise durable.

L’ONG devait recevoir des fonds de l’USAID en vue d’étendre ses activités en Tanzanie, ce qui aurait apporté de la crédibilité et mené à des occasions de financement supplémentaires. Ce financement stratégique est désormais suspendu.

Cette perte colossale, qui s’élève à environ un million de dollars, intervient alors que le gouvernement néerlandais a également décidé de réduire sa contribution à l’aide au développement.

Outre les conséquences immédiates qui se font sentir sur les différents programmes et ONG, la suppression des financements de l’USAID signifie que de nombreuses organisations doivent à présent chercher des fonds de remplacement auprès de sources très limitées.

À Makhanda, en Afrique du Sud, Myriad Canada collabore avec le Eiohn Hayes Fund pour offrir des soins oculaires abordables et transformateurs aux populations défavorisées — aidant les enfants à mieux voir en classe, redonnant la vue aux personnes âgées, et offrant une seconde chance à ceux qui ont perdu leur emploi en raison de problèmes de vision.

Un signal d’alarme

« La perte des fonds de l’USAID a provoqué un bouleversement considérable. Les différentes parties qui œuvrent dans le secteur de la santé doivent s’efforcer d’obtenir des financements ailleurs. Il y a donc une énorme concurrence pour un nombre limité de bailleurs de fonds », explique Cees Rustenhoven. « Comme les sources sont limitées, nous devons aussi examiner notre propre organisation et réduire nos dépenses opérationnelles, afin que cette perte de financement ne mette pas en péril notre durabilité. »

Pour Cees Rustenhoven, il est évident que les soins de santé des communautés dans lesquelles il travaille fonctionnent mieux lorsqu’ils sont organisés au niveau le plus local. Les gens doivent pouvoir avoir accès à des médicaments de tous les jours dans leur village, sans devoir prendre congé pour se rendre dans les centres de santé des grandes villes.

« Pour beaucoup en Afrique, c’est aussi un véritable signal d’alarme », explique-t-il. « On se demande pourquoi on est devenus si dépendants des financements étrangers. Nous devons nous organiser et veiller à disposer d’un modèle durable à long terme. À force de dépendre autant de financements, si ceux-ci s’arrêtent, c’est toute l’activité qui s’interrompt, et les soins de santé aussi. »

Faites une différence

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